Nos propositions en 1996

Publié le par denis-simonin

Ces idées pour le développement de La Réunion méritent d'être relues en ayant en mémoire le fait qu'elles ont été écrites, et déposées officiellement à la Bibliothèque Nationale en.... Juillet 1996.              

I.S.B.N. : 2-911672-02-X.      D.SIMONIN.

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ELEMENTS DE PROGRAMME POUR UN
RENOUVEAU REPUBLICAIN. 

 

Conclusion logique de l’esquisse d’une stratégie politique alternative dans l’île de la Réunion, ce texte est destiné à pouvoir être publié indépendamment de ce qui le précède comme support à la campagne des législatives partielles de 1996, dans la circonscription de ST-PAUL, elle-même conçue comme étape nécessaire à une victoire possible à l’échelle de l’île lors des échéances de 1998.

 

Généralités. 

          La question du “ Renouveau Républicain ” concerne la France tout entière, son attitude à l’égard de l’Europe et du Monde tout entier. Il s’agit ici :

          1) De fonder une perspective dynamique, combative, utilisant les opportunités offertes par l’Europe sans jamais renoncer ni à l’ambition nationale, ni à l’intérêt bien compris de chacune de ses régions.

          2) De rechercher pour chacune d’entre elles - notamment à la Réunion - la voie d’une excellence culturelle et sociale sur la base d’une économie mieux fondée.

          Chacun conviendra qu’il n’est guère facile de passer d’une esquisse stratégique aux contours encore mal définis à un dessein politique achevé. Il n’est question ici ni de manque d’intégrité, ni non plus de talent, mais bien d’un problème fondamental.

Comment passer d’une attitude originellement réactionnelle, motivée par le refus d’un plan - le P.D.A. - articulé sur le préalable d’un abaissement brutal des revenus d’une catégorie, les fonctionnaires, avec toutes les conséquences qui s’en suivent, à une autre attitude, résolument active et novatrice, par l’élaboration d’éléments de programme destinés à se parfaire en “ Programme de Renouveau Républicain ” permettant l’émergence d’un nouveau consensus ?

          Les partis nationaux et leurs succursales locales, les partis régionaux installés aux postes de commande, s’appuient sur leur réseau d’élus, les instances de pouvoir qu’ils contrôlent, les moyens dont ils disposent pour financer les études dont ils ont besoin. Le journaliste honnête, le citoyen responsable, peuvent aisément comprendre qu’un groupe initialement réactif ne puisse disposer de tels moyens. Précisément, il s’agit là de l’enjeu de l’élection partielle, conquérir en cette occasion une partie de ces moyens qui manquent afin de l’emporter de façon significative en 1998. L’action politique efficace rejette l’impatience. Chaque étape doit être pensée à son heure, le moment venu, en toute honnêteté intellectuelle dans les limites des moyens disponibles à chaque moment. Au stade actuel, seuls quelques éléments peuvent être avancés, basés sur l’observation, le sens critique et l’évaluation encore très intuitive des retombées probables des propositions pratiques. Elles sont elles-mêmes déduites du possible tel qu’il apparaît au regard instruit d’un savoir bien trop partiel. Pour autant, les propositions sont sérieuses, rationnelles, et nul ne verrait d’objection à ce que des spécialistes les enrichissent de données quantifiées et statistiques adéquates à leur objet ; Le plus tôt serait le mieux. Le souci Politique relève d’une préoccupation noble qu’il faut restituer dans son sens originel.

          Quand il verra le jour, le “ Programme pour un Renouveau Républicain ” sera le fer de lance de la nouvelle classe politique dont l’île de la Réunion a besoin comme contribution au besoin de la France elle-même, dans le concert de l’Europe, au service d’une civilisation qui n’est en aucune manière finie.

        Les citoyens, pour se prononcer, ont besoin qu’il leur soit proposé des solutions concrètes articulées en projet. Pour y parvenir, il convient de modifier le point de vue, changer de paradigme, ne pas subir et devenir offensif, basculer pour tout dire d’une vision insulaire rurale, limitée et timorée, à une vision océanique moderne, ouverte aux vents du grand large et à l’imagination.

          Ce qui est décisif, c’est qu’une Volonté Politique à vocation majoritaire émerge dans l’île. Elle se construira de bataille en bataille. La première aura lieu à ST-PAUL et de son issue dépendra la capacité à rebondir, avec plus ou moins d’efficacité, vers le succès. L’objectif est de conquérir l’autorité nécessaire à l’action en vue d’aboutir à la création de 100 000 emplois d’ici à l’an 2000. Cela vaut bien la peine de se mettre en mouvement, et c’est déjà possible car déjà 60% des Réunionnais en partagent le point d’origine en refusant eux aussi - sondage de l’Eco-Austral de juin 1996 - de voir baisser les rémunérations des fonctionnaires. Le peuple est plus sage que ces actuels gouvernants. Ce point de vue majoritaire dans la population contredit le consensus de la classe politique, il importe d’en casser le mécanisme de la mystification actuelle en dévoilant dans les urnes la portée de ce désaveu. Cela ne pourra manquer de conforter le combat des syndicalistes, faciliter la tâche des élus antillais. Une victoire à l’élection fonctionnerait comme signal pour l’île et l’ensemble de la Nation. Elle entraînerait le rejet du P.D.A., permettrait de préserver les acquis et de mettre en place les conditions d’une amélioration sensible. Faute de recette miracle ou de baguette magique il importe de pratiquer avec méthode et sérier les questions, intégrer pleinement la dimension française et européenne de l’île de la Réunion.

 

          Quatre éléments ou chapitres peuvent être distingués comme base de réflexion et de proposition pratique.

Le premier dépend de la seule volonté politique de l’Etat, il est donc en relation directe avec l’expression du suffrage universel constitutif de la volonté politique liée au résultat de la bataille d’opinion. Il vise à préserver, consolider et étendre les acquis : l’enjeu est de 10 000 à 15 000 emplois.

Le deuxième dépend essentiellement de l’Europe. Il convient de l’inviter à prendre en compte l’Ile de la Réunion comme la grande chance stratégique du continent Européen, dans l’Océan Indien, en direction de l’Afrique, du sous-continent indien, de la péninsule indochinoise, l’Asie du Sud-Est, l’ensemble océanique antarctique et la région pacifique. La Réunion peut être la plate-forme avancée d’une offensive européenne en direction du reste du monde comme forteresse militaire, citadelle financière, centre culturel et technologique, base arrière de l’effort de conquête des marchés émergents avides de biens d’équipement à haute teneur en valeur ajoutée. Trois grands chantiers peuvent être envisagés, qu’il importe de défendre à BRUXELLES avec l’appui décisif de l’Etat Français sur la base d’un consensus dans l’île rendu possible par le renouvellement de la classe politique locale. L’enjeu est d’environ 30 000 à 35 000 emplois.

Le troisième élément ou chapitre s’appuie sur l’effet d’engouement des deux premiers, et dépend pour l’essentiel de la volonté des collectivités locales, aidées par l’Europe et l’Etat, afin de favoriser l’initiative d’investisseurs privés dans le domaine du Tourisme et de la Santé, de l’Agro-industrie, des Services et de la Culture en général, sur fond de délocalisation offensives en vue de se rapprocher des sites d’extraction des matières premières et des marchés émergents, pour un enjeu de 30 000 à 35 000 emplois.

Le quatrième élément, bien plus difficile à cerner, n’est pas à proprement parler programmable. Il repose sur l’initiative privée dont il convient de faciliter la mise en oeuvre, notamment par accès facilité au crédit.


 CHAPITRE 1 : Préserver et consolider le contrat républicain.

              C’est le rôle de l’Etat.

          Préserver les acquis, passer de l’égalité sociale à l’égalité citoyenne sur la base de l’égalité des chances induite par une égalité de moyens. Consolider et élargir ces acquis, c’est tout un programme en soi.

          Le résultat de 50 ans de départementalisation, comparé au sort des terres voisines, l’atteste on ne peut mieux : Le choix historique et stratégique de LEPERVENCHE et VERGES l’ancien a été le bon. Il ne faut à aucun prix revenir dessus et surtout ne pas toucher au statut de Département et de Région au risque d’une guerre civile et d’un effondrement. Il ne faut pas rompre. Il faut évoluer et cela est tout à fait possible dans le cadre institutionnel garanti par la Constitution. Rien n’interdit et tout invite les futurs parlementaires de l’île à travailler avec les élus des Antilles et ceux des régions les plus typées et demanderesses de Métropole pour obtenir un approfondissement de la loi des Régions initiée par Gaston DEFERRE voici quinze ans. Donner plus de responsabilité à chacun, c’est possible si l’on considère que le principe de subsidiarité en honneur dans la relation entre la Nation et l’Europe peut aussi intervenir comme guide de l’examen des relations entre les régions et la Nation. Le tout, pour que les changements se réalisent en bon ordre, est que la loi soit la même pour toutes les régions, en conformité avec le contrat social républicain en vigueur dans notre pays. La loi des Régions a eu des effets pervers en matière de corruption faute de vertu civique et de moyens de contrôle suffisants. Il importe d’accorder des moyens accrus à la Justice, aider les élus à résister aux tentations occasionnées par la détention d’un pouvoir ; tendre à supprimer l’Octroi de Mer et le remplacer par une subvention d’aide spécifique sur la base d’une exigence de rigueur.

          Chaque région dispose de la richesse de sa culture spécifique. La musique, la danse et le chant liés à la langue créole doivent être mis à l’honneur en appui à la recherche d’une authenticité qui rencontre le goût du public en Europe pour tout ce qui émane du monde créole, en particulier de la Réunion. Il dépend de l’Etat d’oeuvrer en ce sens en répondant à l’attente de la population.

          Concrètement, nous proposons la reconnaissance du créole réunionnais comme langue d’enseignement au même titre que le basque, le breton ou le provençal. Nous proposons la création d’un C.A.P.E.S. de créole et l’ouverture d’une matière à option dans la perspective du baccalauréat. Nous proposons que cette discipline nouvelle soit obligatoirement enseignée aux futurs Professeurs des Ecoles formés à l’I.U.F.M. de la Réunion. Ainsi serait-on enfin en mesure d’aider les enfants à distinguer entre les deux langues et éviter les confusions qui handicapent leur réussite scolaire. Cela ne nuirait en aucune manière, bien au contraire, à leur maîtrise du Français, et cela satisferait au passage la légitime revendication de dignité reconnue aux habitants de l’île. S’intégrer c’est bien, s’intégrer en préservant son intégrité culturelle c’est mieux, et l’on pourrait aller jusqu’à demander que la loi réserve quelques jours de congé gérés à la discrétion des régions pour s’adapter aux particularismes culturels en une conception ouverte et renouvelée de la laïcité.

          Contrairement aux républiques voisines assujetties à la puissance des grands pays industriels, l’île de la Réunion a la chance d’être partie prenante d’un Etat, la France, pleinement indépendant. C’est dans ce cadre porteur de virtualités multiples que se pose la question de son accès à la pleine modernité du monde développé. Sans renoncement à quoi que ce soit d’essentiel et sans, non plus, de crispation jacobine, l’île doit obtenir les moyens de la mise en valeur de ses richesses culturelles propres liées à la diversité des cultures de l’Océan Indien dont elle doit devenir le carrefour et le relais en direction du marché mondial, notamment francophone, en matière de musique, de chant, de théâtre, d’édition et de sport. Le tremplin vers PARIS pour l’ensemble des arts. L’Etat français pourrait décider de créer un centre d’excellence culturelle, artistique et sportive, au service de la francophonie et de l’ensemble de l’Océan Indien. Il nous semble que la commune de ST-PAUL serait très bien placée pour l’accueillir, à condition qu’elle se débarrasse des gestionnaires incapables qui ruinent son essor. Peut-être faudrait-il envisager un éclatement en plusieurs communes afin de mieux gérer, au plus près, l’intérêt des populations.

          Mieux gérer l’eau, protéger le lagon, repenser le problème des ordures, constituent autant de préoccupations majeures ou le souci écologique rencontre la préoccupation du développement dans la gestion responsable de l’île “ depuis le battant des lames jusqu’aux cimes des montagnes ”. Le secteur touristique actuel peut être renouvelé, nous y reviendrons, mais cela suppose maintes et maintes précautions, dont des actions ponctuelles comme l’enterrement des lignes électriques et téléphoniques.

 

          Le marché de la Réunion est trop étroit, il ne faut pas le rétrécir davantage en diminuant les revenus salariés de qui que ce soit. Il faut l’élargir au contraire.

1) L’Etat doit respecter ses promesses et l’esprit de l’engagement de ses dirigeants. Rattraper les 6000 postes de déficit de la Fonction Publique d’Etat et hospitalière n’est qu’un préalable minimal. Il est possible de créer un lycée des Sciences de la Mer, de l’image et de l’informatique à ST-GILLES en vue de l’avènement de nouvelles industries de pointe dans ces secteurs porteurs d’avenir. C’est de l’intérêt de tous.

2) Le R.M.I. doit être aligné sur celui de la Métropole, mais on doit aussi lui restituer son sens d’insertion en créant 100 000 emplois divers dans l’île en quelques années, ce qui est l’objet de l’ensemble de ce texte-ci, c’est-à-dire tendre à ce que cette catégorie disparaisse en étant aspirée dans l’univers du travail. Idem pour les C.E.S. On pourrait imaginer une caisse spéciale d’aide au financement de petites entreprises, à taux zéro, permettant aussi d’insérer autrement sur la base d’initiatives privées.

3) Il faut résoudre le douloureux problème de la Fonction Publique territoriale victime du laxisme et du clientélisme qu’il faut dépasser sans nuire aux citoyens concernés. Ce n’est pas la quadrature du cercle. Nous proposons qu’un contrat d’assainissement soit négocié entre l’Etat et les Communes sur la base d’une étude de leurs besoins réels en personnel comparés aux communes de Métropole. Ce contrat doit être rigoureux, obliger à un recrutement sur concours avec jury indépendant. Le personnel nécessaire doit être titularisé et rémunéré selon les règles en vigueur dans la Fonction Publique. Le problème de financement, aggravé dans l’apparence des choses par la suppression de l’Octroi de Mer que nous proposons également, doit être trouvé dans un financement par l’Etat sous deux formes :

                    a) Une subvention d’équilibre budgétaire globale.

                    b) Une exonération des charges sociales des nouveaux recrutés.

          Que faire du personnel excédentaire ? Il faut le former et le rémunérer au niveau du S.M.I.C. pendant sa formation, puis l’orienter vers de nouveaux secteurs d’activité.

          Tout cet ensemble de mesures devrait générer de 10 000 à 15 000 emplois, peut-être davantage, si l’on accroît le rôle stratégique - militaire - de l’île de la Réunion par le déplacement par exemple de la base de DJIBOUTI vers ce territoire français où le port de ST-PIERRE pourrait se prêter admirablement à un tel redéploiement. Quatre mille jeunes gens pourraient ainsi y gagner de meilleures conditions d’existence, mieux vivre leur engagement militaire dans le rapport à leur famille, aider par leur présence à la redynamisation économique de l’ensemble de la sous-région. Dans le même esprit, rien ne s’oppose à ce que le suivi d’ARIANE ne soit plus exercé d’Afrique du Sud mais bel et bien depuis la Réunion, territoire français et européen.

 

CHAPITRE 2 : Innover au service de la France et de l’Europe.

          C’est le rôle de l’Europe.

          Trois grands chantiers européens peuvent s’ouvrir dans l’île de la Réunion.

                    a) Le premier est lié à un double souci qui est à la fois de réparer un préjudice historique mais aussi de créer les conditions infrastructurelles du développement à venir. La Réunion est handicapée par l’inadaptation de ses transports trop dépendants de la route et de ses encombrements.

          Un ensemble d’initiatives cohérent doit être pris sur la base d’un mode de financement dérogatoire justifié par le souci éthique d’une compensation légitime des retards engendrés par le poids douloureux de l’Histoire. L’Europe et la France se sont aussi industrialisées sur la base de capitaux issus de profits liés à l’esclavage passé. Une discrimination positive est légitime en matière d’équipement infrastructurel de base afin d’effacer le handicap du retard.

          Nous proposons que l’Europe et la France financent la mise en place d’un réseau de transport collectif en site propre tout autour de l’île en suivant le littoral. Nous proposons qu’un tunnel d’envergure soit creusé permettant à la fois la circulation automobile et le passage sur deux voies, aller et retour, d’un transport ferroviaire adapté. Nous proposons que ce réseau libéré de l’obstacle de la falaise soit associé à un autre réseau interurbain par la mise en place d’un système de métro-bus peu onéreux dans la ville de ST-DENIS.

          A ce chantier axé sur les transports par voie de terre doit être associée la question de l’aménagement de nouveaux ports favorisant la plaisance tout autour de l’île. L’éventualité de l’avènement d’une base militaire aéronavale pouvant succéder aux installations de DJIBOUTI concerne à la fois l’Europe et la France. Elle mériterait un examen approfondi afin d’aménager un site alternatif d’intérêt stratégique géopolitique certain. L’aéroport de GILLOT doit devenir un véritable aéroport de statut international et l’île de la Réunion devrait à terme être intégrée à l’espace SCHENGEN.

          Vu de la Réunion, sous l’angle des moyens financiers disponibles dans l’île, tout cela n’est qu’utopie. Vu de BRUXELLES, ce n’est qu’un défi à portée des moyens de la première puissance commerciale du globe. Il va de soi que cela suppose une présence efficiente à BRUXELLES, une activité politique soutenue par l’opinion publique dans l’île, l’ensemble des citoyens.

          Ce premier chantier pourrait générer plus de 10 000 emplois sans doute, sans compter l’aspect militaire qui relève aussi d’autres considérations.

 

               b) Le deuxième chantier peut intervenir comme réponse à un problème qui concerne l’ensemble du monde occidental. le territoire de HONGKONG va être restitué sous peu à la Chine. Cette rétrocession bouleverse les habitudes des compagnies internationales ou multinationales qui contrôlent les banques qui y sont installées. Dans cette situation - et en dehors de MAYOTTE qui ne fait partie de l’Europe car n’étant pas encore un D.O.M. - l’île de la Réunion est le dernier territoire appartenant à la France et par là à l’Europe, au-delà de l’Afrique. C’est le seul endroit où l’activité financière et boursière puisse trouver la sécurité de l’Etat de droit. La prétention à la délocalisation d’activités industrielles asiatiques est insensée. Elles sont friandes de main d’oeuvre quasi-gratuite et d’absence de droit. Il faut y substituer l’intérêt évident d’une zone franche articulée autour d’activités relevant du tertiaire bancaire le plus moderne qui soit. Le site de Ste-MARIE, valorisé par les efforts infrastructurels évoqués plus haut serait sans doute le plus adéquat pour accueillir les porteurs de capitaux chassés par la crainte de la Chine et recherchant un nouvel abri garanti par la sécurité de l’Etat de droit. Une cité nouvelle, ultramoderne est à construire, les cols blancs succédant aux cols bleus, et générant 10 000 emplois au moins.

          Ici, l’Europe doit jouer un rôle d’incitation. Tout un travail de persuasion est à entreprendre en direction d’entreprises financières, d’entreprises européennes à vocation internationale, entreprises multinationales, afin qu’émerge un ensemble boursier, financier et bancaire sur le territoire Européen qu’est la Réunion, au plus grand bénéfice de la France elle-même. Evidemment, cela ne peut s’envisager sans accord avec l’Etat Français, les collectivités territoriales et les communes concernées.

 

                    c) Le troisième chantier résulte d’une réflexion sur la mondialisation de l’économie et le risque de nivellement des cultures qui en résulte. La France aurait tout à gagner à ce que l’Europe décide le grand dessein d’une initiative attestant de son importance mondiale, en direction des élites issues de la jeunesse montante d’Afrique, de l’Océan Indien, du Monde Arabe, du sous-continent Indien et de l’Asie. Former ces élites est un gage d’avenir, en même temps que c’est une aide légitime à dispenser au Tiers-Monde.

          Il s’agit de créer une ville nouvelle visant à terme à former 15 000 à 20 000 étudiants venus du monde entier. Il faudrait qu’une Université voit le jour, qu’elle soit parrainée par les plus grandes universités d’Europe ; qu’elle soit l’Université Européenne de l’Océan Indien sur la base d’un engagement des structures parraines à fournir les enseignants nécessaires dans les diverses disciplines considérées, en relation à un engagement de financement par les Etats. A cette Université devrait s’adjoindre un technopôle de pointe dûment diversifié. Il pourrait être associé, à ces deux initiatives spectaculaires de l’Union Européenne, le principe d’un lycée et d’un collège international destiné plus spécifiquement à la jeunesse francophone de l’Océan Indien. Le lieu le plus adéquat pourrait être la région du TAMPON. Un site assez frais pour favoriser l’activité intellectuelle, à deux pas du littoral.

          Il convient de nier le procès en fin de civilisation qu’instruisent certains politiciens de l’île à l’encontre du possible européen, car ses avenirs culturel et géopolitique dépendent aussi de sa capacité offensive en dehors du domaine strictement industriel, économique et commercial. L’ambition de l’Europe, entraînée par celle de la France elle-même, peut trouver dans l’île de la Réunion une excellente terre d’accueil.

          Pour les Réunionnais eux-mêmes, les retombées économiques sont évidentes. L’administration peut difficilement être autrement qu’à majorité française, mais il s’agit surtout de techniciens, d’agents d’entretien, de petits commerces et d’activités multiples succédant au chantier lui-même vu sous l’angle de sa construction. Nous estimons l’ensemble à pas moins de 10 000 emplois nets. Il faut y ajouter l’intérêt privilégié d’étudiants réunionnais à être admis dans des filières inexistantes à l’Université de ST-DENIS, l’effet d’entraînement d’une telle richesse de savoirs réunis. Plus tard pourrait être envisagé un grand centre d’archivage et une grande bibliothèque européenne de l’Océan Indien au service de tous les chercheurs de la région.

          Il ne semble pas déraisonnable d’estimer le total des grands chantiers européens à quelques 30 000 emplois directs ou indirects durables.

 

CHAPITRE 3 : Se prendre en main soi-même.

          C’est le rôle des collectivités locales.

          Il ne faut pas tout attendre de l’extérieur. La Région Réunion devrait prendre modèle sur la Catalogne et son dynamisme particulier en l’adaptant aux impératifs de la réalité tropicale insulaire locale.

 

          a) A 10 000 Km de distance de l’Europe, l’Ile de la Réunion en constitue le complément idéal. Elle peut accueillir six catégories d’activités de tourisme très typées :

                    - La première est un tourisme de luxe qui serait à consolider par des initiatives possibles dans le domaine culturel. Grand consommateur de sites, ce tourisme là n’a que fort peu de retombées positives locales. Il convient de le parfaire mais non de l’étendre au-delà de ce qu’il est.

                - La deuxième est un tourisme de marches, de randonnées. Il peut être lié à diverses activités sportives relatives à la montagne, l’ascension, le canyonning. Il implique des relais, des tables d’hôte, toute une série d’activités qu’il faudrait encourager en échange de cahiers des charges précis. Un tel tourisme exige un accompagnement technique destiné à préserver la nature, les espèces animales et végétales endémiques, assurer la sécurité aux abords du volcan.

                    - La troisième est un tourisme spécifique offert aux retraités fortunés de l’Europe de l’Ouest désireux de séjours tropicaux assortis de garanties sécuritaires et de santé. Des centres gérontologiques et touristiques peuvent être initiés sur la base d’investissements négociés avec les grandes caisses de retraite européennes. Il s’agit là de générer des milliers d’emplois.

                    - La quatrième est un “ tourisme ” induit comme conséquence d’un choix possible de la Réunion comme grand centre naturel de la médecine de pointe, dans l’Océan Indien, à destination de tous les grands malades de la zone. Il pourrait être associé à un centre hospitalier universitaire spécialisé dans les maladies tropicales. Un centre de Recherche pharmaceutique...

                    - La cinquième est une activité de transit où l’étape réunionnaise peut être incluse dans divers périples intégrant d’autres destinations telles que Madagascar, Maurice, Les Seychelles, l’Afrique du Sud, voire l’Inde, l’Indonésie, l’Australie, l’Indochine...

                    - La sixième est un tourisme familial s’appuyant sur les Domiens Réunionnais de Métropole et suppose la baisse des tarifs aériens.

          Les possibilités sont immenses, et estimer à 10 000 emplois un tel ensemble d’activités constitue sans doute une sous-estimation des possibilités.

 

          b) La région Est de la Réunion possède une immense richesse en eau et chaleur. Elle pourrait développer une grande activité de production de semences en direction de l’ensemble des pays tropicaux sur la base de l’avènement d’un centre de recherche agronomique adossé aux recherches de pointe en Biologie et Génétique. L’agro-industrie, sur une base moderne peut être largement développée afin d’assurer les besoins accrus en produits maraîchers à conditionner correctement. La canne à sucre n’est pas une fin en soi et préserver sa filière n’exclue pas d’initier de nouvelles activités. Les secteurs des fleurs, des fruits, des légumes, mais aussi les camarons, les poissons, l’aquaculture, les produits d’élevage peuvent être dynamisés par la croissance du marché global, favoriser l’émergence d’une industrie basée sur la gastronomie locale afin de produire des plats tout préparés à réchauffer par micro-ondes : une nouvelle usine sur le site de BEAUFONDS à ST-BENOIT, non loin du quartier de BRAS-FUSIL. A tout cela pourrait être associée une activité de production pharmaceutique de qualité.

          Dans la région Ouest, c’est un institut océanographique et de sciences de la Mer, nodules métalliques, et espèces marines qui pourrait voir le jour en liaison avec le nouveau Lycée de la Mer à ST-PAUL.

          La problématique de la filière bois pourrait être bouleversée et renouvelée par un accord passé d’Etat à Etat avec l’île de Madagascar afin d’aider cette dernière à replanter ses forêts, produire du bois, des planches d’essences nobles garantissant un approvisionnement régulier, à terme, pour l’ébénisterie dans l’île de la Réunion.

 

CHAPITRE 4 : Oser entreprendre.

          C’est le rôle de l’initiative privée.

          Au total, nous estimons l’ensemble lié à l’accès au crédit à quelques 10 000 à 20 000 emplois auxquels pourraient s’ajouter des initiatives spécifiques dans le domaine culturel, dans la région de ST-PAUL. Un grand centre de loisirs, un grand centre culturel et artistique, le premier lié à des investissements privés, le second à des initiatives publiques. Ni l’un ni l’autre ne sont pensables avant que ne soit assainie la gestion de cette municipalité.

          Une myriade de petites et moyennes entreprises d’initiative locale, issues de délocalisations ou d’implantations d’entreprises européennes devraient voir leur naissance facilitée par une politique d’incitation adaptée s’articulant avec les projets industriels de la ville du PORT. L’objectif ne serait pas d’implanter des usines asiatiques destinées à exporter vers l’Europe, sinon marginalement ; il serait plutôt de construire la plate-forme industrielle de la transformation des matières premières de l’Océan Indien, le lieu privilégié du pré-assemblage des biens d’équipement exportés par l’Europe vers l’Asie du Sud-Est.

          Toute cette activité devrait être menée sous haute surveillance écologique de même que doivent être promues les sources non polluantes d’énergie.

          Prendre l’initiative, ce n’est jamais facile pour qui que ce soit. Cela suppose des idées, de l’ambition, de la curiosité, le goût du risque. L’école peut y préparer, mais cela suppose aussi que les banques jouent le jeu et facilitent l’investissement. Pour une bonne part les entreprises d’insertion et les associations jouent un rôle d’incitation qu’il reste à développer.

          L’artisanat réunionnais ne demande qu’à croître lui aussi, de même que l’industrie du bâtiment qu’il faut continuer à aider, à la fois pour elle-même mais aussi et surtout pour répondre aux besoins en logement. Il faut libérer l’initiative privée des entraves qui pèsent sur elle, accorder aux établissements liés aux zones touristiques les droits d’ouverture dont ils ont besoin.


CONCLUSION : des perspectives encourageantes.

          Il suffit d’additionner pour avoir une idée de l’enjeu. 10 000 à 15 000 emplois liés à la volonté de l’Etat et une certaine idée renouvelée de la République et de ses obligations. 30 000 emplois en relation à l’Europe. 10 000 pour le Tourisme, 10 000 à 20 000 pour l’agriculture et l’industrie. Au total, 60 000 à 75 000 emplois liés à une volonté politique locale renouvelée. A ces emplois là, il faut ajouter la capacité d’initiative de certains Réunionnais eux-mêmes sur la base d’un marché élargi. Il est possible d’envisager le plein emploi, surtout si la France et l’Europe dans son ensemble s’engageaient dans une démarche de diminution du temps hebdomadaire de travail. L’île de la Réunion applique pour son bonheur les lois de la République, elle n’aurait plus qu’à s’efforcer de gagner en compétitivité sur une base technologique renouvelée.

          A ce jour chaque Réunionnais perçoit, aux dires du Ministre DE PERETTI, 3000 Francs de moins par an qu’un métropolitain, au titre des transferts de fonds publics. C’est une anomalie qui montre bien la marge disponible. Investir à la Réunion c’est une bonne affaire pour la France et l’Europe. L’île n’est pas une “ danseuse ”, elle peut dignement occuper sa place dans l’univers contemporain.

 

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